LA MORT DU ROI TSONGOR_Laurent Gaudé


 Bonjour à tous ! Aujourd'hui on se retrouve autour de La Mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé. Voici les thématiques :

- guerre

- mort

- épopée

- honneur

- amour


Résumé :

Dans un passé lointain, au royaume de Massaba, le vieux roi Tsongor s'apprête à marier sa fille, Samilia au Prince des terres du sel, Kouame. Cependant à la veille du mariage, un autre prétendant s'impose, Sango Kerim. Il refait surface avec à la main un serment dans lequel Samilia lui promet sa main. Ce bout de papier oublié n'est cependant que le serment de deux enfants : Samilia et lui. Pourtant, Sango Kerim y tient et se montre prêt à tout pour épouser la princesse.

C'est ainsi que Tsongor réalise qu'il est pris au piège. Peu importe lequel des deux prétendants il choisira pour sa fille, l'autre déclarera la guerre à Massaba. Alors après une longue nuit de réflexion, Tsongor ne trouve qu'une seule chose à faire : mourir. Il pense que grâce à cela Kouame et Sango Kerim abandonneront l'idée de fiançailles. Alors, d'un coup de poignard, le vieux roi accueille la mort à bras ouverts, sous le regard désemparé de son fidèle serviteur, Katabolonga.

Rapidement, le deuil touche Massaba. La fratrie composée de Samilia, Sako, Danga, Liboko et Souba se déchire. Souba part aux quatre coins du royaume pour accomplir la mission que son père lui avait confiée avant de mourir. Sako, Liboko et Danga se dispute le pouvoir. Et Samilia n'a plus son mot à dire, ni face à ses frères, ni face à ses prétendants qui n'ont pas repoussé l'idée de l'épouser.

Ainsi, la guerre est déclarée. Les armées se font face et se déciment petit à petit sous le regard de Tsongor devenu fantôme qui assiste à la chute des siens impuissant. Les batailles se poursuivent pendant des années. Toujours sanglantes, toujours avec la même violence, une violence mortelle. Si bien que l'on ne connait plus très bien la cause de la guerre. Mais, à votre avis, un mal fait peut-il être défait ? Des soldats transformés en bêtes sauvages assoiffées de sang peuvent-ils redevenir humains ? Une guerre qui n'a plus aucun sens peut-elle s'arrêter ? Une voix ignorée peut-elle être enfin entendue ?


Mon avis :

Ce livre a reçu le Prix Concours des Lycéens en 2002 et ce n'est pas pour rien. C'est sous la plume tragique et poétique de Laurent Gaudé que se dresse l'histoire de Massaba. L'histoire d'un roi rongé par la culpabilité, d'une guerre qui semble ne pas avoir de fin. L'histoire du clan Tsongor.

Ce que j'aime particulièrement dans ce livre, ce sont les personnages. Ils sont tous complexes, recherchés. Ainsi plusieurs portraits sont décrits. Il y a Katabolonga, le fidèle serviteur, qui veille sur Tsongor même dans la mort. Il y a les prétendants et leurs armées avec les chefs militaires qui mènent cette guerre dénuée de sens. Il y a Souba, parti construire sept tombeaux, chacun représentant un des visages de son père. Et puis il y a Samilia, l'oubliée, la sacrifiée.

Autant de personnages pour tant de dénonciations : dénonciation de la guerre, de la vengeance, de la cupidité, de l'excès soit hubris pour les grecs. Bref, une dénonciation de la folie humaine.

A travers le livre, deux personnages font régulièrement le bilan : Tsongor et Katabolonga. Et en effet, ils sont témoins des combats et de bien plus que cela. Ils sont témoins de la guerre qui anime les regards "Dans les yeux de mes fils. Ceux de mes amis. Et dans tout mon peuple. L'envie de mordre.". Cette rage qui brille dans les yeux de chacun, c'est la démonstration de leur pires travers. Du vice qui les engloutit peu à peu.

Et puis, il y a Souba, perdu dans sa quête. C'est le personnage qui se tient le plus éloigné de la guerre. Il ne vit que pour accomplir la mission de son père. Mais chaque nouveau tombeau lui révèle un nouveau secret. Une facette de son père qu'il n'a jamais vue. Une facette qu'il aurait aimé pouvoir passer sous silence. Et les questions qui se bousculent dans sa tête deviennent les nôtres. Mais y a-t-il forcément besoin de réponses ? Est-ce que chaque histoire doit forcément avoir une fin ?

Enfin, terminons avec Samilia. "Je ne suis rien que cela. Une femme de guerre. Malgré moi. Qui ne fait naître que la haine et le combat". Voici le portrait tragique de Samilia. Elle est désignée au tout début comme la cause de la guerre mais est-ce vraiment cela ? En est-elle vraiment la cause ? Car au fil des pages, elle se fait peu à peu oubliée. Personne ne porte attention à elle et c'est ce qui en fait un personnage particulier. Seule figure calme au milieu du chaos. Mais bien seule face à la guerre. Les choses changent à la fin quand elle quitte sa position soumise. On réalise finalement que Samilia est la seule à n'avoir eu aucune chance, à avoir été réellement impuissante. "Il sentait que cette femme était sacrée. Sacrée par ce qu'elle avait traversé. Sacrée parce que tous, un à un, sans même s'en apercevoir, l'avaient sacrifiée."


Extrait :

"Le jour approchait. La lumière dissipait la brume. Souba reprit son chemin. Le vent se leva. Gonflant dans son dos le voile noir des femmes. Et c'était de loin comme un navire qui parcourait les routes du pays. Un cavalier solitaire qui se dirigeait au gré du vent. Avec le voile des laveuses qui claquait derrière lui comme une longue traîne de deuil. Annonçant à tous les funérailles du roi Tsongor et le malheur tombé sur sa cité."



Pour finir cet article, je vous indique ce livre contient 219 pages, il se situe entre l'épopée, le conte contemporain et le roman et peut être lu à partir de l'adolescence même s'il convient très bien aux adultes également. Comme d'habitude, n'hésitez pas à laisser des commentaires et à vous abonner !

Bonne lecture,

Bye Bye,

Améthyste.

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